Réagissons à l’actualité au nom de notre foi.
Dans un monde où la religion n’a plus guère d’écho, les événements ne manquent pas qui invitent à prendre la parole publiquement, parfois vivement, au nom de notre foi. Nous, baptisés, sommes appelés à interpeller nos contemporains à propos de l’actualité locale, nationale et internationale. Il y a parfois des situations dans lesquelles l’interpellation par le peuple de Dieu devrait résonner comme une voix prophétique. En même temps, il arrive que les événements eux-mêmes viennent interroger le peuple des croyants, parfois jusqu’à bousculer des façons de traduire concrètement notre foi sur lesquelles nous ne nous posions pas trop de questions jusque-là.
Recommandations et actions : les Baptisés en Isère affirment que la vigilance et les interpellations à propos de l’actualité font partie de la mission de l’Église. Ils proposent d’y contribuer et de mettre en place des moyens adéquats pour donner de l’ampleur et de la portée à cette forme de vigilance, de présence et d’action des enfants de Dieu dans le monde contemporain. Une petite équipe de suivi de l’actualité et de vigilance sera formée, qui portera en particulier son attention sur des questions liées à l’actualité locale. Contact sera pris avec les responsables du diocèse de Grenoble-Vienne pour étudier ensemble les modalités selon lesquelles de telles interpellations pourraient être diffusées via des canaux institutionnels de l’Église locale.
Accueillir des migrants, est-ce bon ? Des chrétiens témoignent
Oui, accueillir des migrants et leur offrir l’hospitalité est bon, bon pour celui qui quitte son pays,bon pour celui qui accueille, bon pour notre vie en société, en France, en Europe.
Rare est celui qui quitte son pays par gaité de cœur, c’est une très grande souffrance.Les chemins parcourus sont semés d’embuches et de violences. Être accueilli est un baume sur cette souffrance, c’est une aide pour trouver sa place, son rôle, son goût de vivre.
Accueillir et offrir l’hospitalité c’est aussi de la joie partagée pour celles et ceux qui les pratiquent. En Isère il y a beaucoup d’associations et de collectifs qui aident les migrants et tous les témoignages convergent : offrir l’hospitalité c’est vivre la solidarité et en recevoir les fruits, c’est la réponse à un appel et la joie d’y répondre malgré les difficultés. Car offrir l’hospitalité c’est s’assurer, au delà de l’accueil, de l’intégration dans la société qui si elle se passe bien conduit à une véritable autonomie, tous les exemples le montrent.
Cette intégration elle est certes tributaire des difficultés liées la durée parfois si longue à obtenir des papiers, à l’exclusion provoquée par un État tatillon et timoré, aux difficultés d’apprentissage de la langue française. Mais, oui, en Isère les militants nous le disent, la population des villages ou quartiers qui accueillent et offrent l’hospitalité nous le disent : du moment que l’on prend soin de bien accompagner, on peut y arriver, une bonne intégration est possible, il faut en témoigner…
L’Isère est une terre d’accueil et elle a déjà inséré bien des étrangers. Pas si loin de nous, une soixantaine de familles syriennes entre 2017 et 2019, en ce moment des familles ukrainiennes (sur les 100 000 personnes accueillies en France). Dans les deux cas l’État a facilité toutes les démarches pour une intégration rapide (autorisation de séjour renouvelable, droit à un pécule, droit au travail, droit à l’hébergement, à l’accompagnement social). Ce sont effectivement les préalables indispensables. Pourquoi limiter ces facilités à une population européenne ou qui, dans le cas des syriens répond à une répartition négociée au niveau européen ?
Accueillir et offrir l’hospitalité,au-delà de l’expérience iséroise, c’est aussi un bien pour le pays, pour l’Europe.Plus que de nous coûter, ces populations issues des migrations nous font vivre et enrichissent notre culture de la leur. Nous sommes soignés bien souvent par du personnel étranger, les personnes âgées assistées par des personnes d’origine étrangère, nos routes, nos bâtiments, entretenus par des personnes issues de l’immigration. Elles nous apportent leur disponibilité, leurs compétences, leurs fortes motivations et leur reconnaissance.
Ne pas faciliter l’hospitalité par des quotas d’accueil, contraindre à l’illégalité pour survivre dans des conditions dramatiques au quotidien, génère des fractures, des actes répréhensibles et menace la cohésion sociale.
Le réchauffement climatique va augmenter les flux migratoires. En accueillant, en facilitant une bonne intégration aujourd’hui nous nous préparons à l’accueil de demain et à l’ouverture de voies claires d’immigration légales. Sans oublier que cet accueil doit se conjuguer avec l’aide au développement dans les pays à l’origine des pays d’origine.
L’accueil de l’autre et son HOSPITALITÉ fait partie intégrante de la culture française, de la FRATERNITÉ qui figure dans notre devise républicaine, gravée sur le fronton de nos mairies.
L’HOSPITALITÉ pour un chrétien c’est la joie de l’évangile en actes car l’étranger est notre frère.
Osons l’accueil et l’hospitalité est notre cri et notre Espérance.
Compte-rendu de la rencontre du 12 Avril 24
Présents : Claude Béguin, Guy Moraillon, Philippe Mouy, Philippe Jorrand, Jean Mouchet, Babette Michel, Véronique Aussedat, Yves Douin
Excusés : Bernard Canivet, Anne-Isabelle Toutblanc
- Nous avons échangés sur nos motivations concernant l’actualité et nous nous sommes rendus compte qu’elles étaient variées et parfois très différentes. Depuis une parole d’Église affirmant la place des Chrétiens jusqu’à une parole faisant ressortir le silence « assourdissant » des pauvres dans l’Église.
Extraits (résumés ! après un bon tour de table dans l’écoute des uns et des autres) :
- Diffuser une espérance chrétienne, un vivre ensemble
- Faire passer le sens chrétien dans le monde
- Comment se parler dans le monde sans se faire la guerre
- Interroger l’Église sur sa capacité à entendre le murmure des plus pauvres, à décrypter le murmure du monde
- Montrer l’Évangile qui s’incarne. Trouver des enjeux locaux. Sortir des prises de position officielles avec lesquelles je ne suis pas en phase.
- Sortir des anathèmes pour se parler, montrer la complexité et parler au nom de la foi qui donne des guides de décryptage.
- Besoins de lieux de discussions. On fait institution quand en communauté on est porteur de messages, et ainsi faire entendre le cri des pauvres.
- Être poil à gratter pour l’Église, afin que l’Église soit une parole qui fait vivre.
- Aller sur des sujets de fond et ne pas aller sur les sujets identitaires (défense de la communauté catho par Ex.)
- Nous avons fait le point sur le travail possible avec le diocèse
Suite à la rencontre avec Sébastien Dos Santos, chargé de com au diocèse nous savons qu’il y a 3 pistes d’intervention possible :
- Intervenir directement dans le journal diocésain (tribune libre) et nous avons déjà un créneau de 2 pages pour le prochain journal. Nous l’utiliserons au nom des Baptisés en Isère pour nous faire connaître et dire notre ambition pour notre Église : vivre notre foi en étant du monde et pleinement acteurs de la communauté des chrétiens.
- Intervenir en lien avec les services diocésains ou les initiatives de groupes chrétiens pour réagir sur les thèmes d’actualité nous semblant importants (nous avons entendu parler d’une initiative du Secours Catholique avec ATD quart-monde et le diaconat protestant pour réagir sur les thèmes d’actualité locales, avec RCF, dans leur champ de la solidarité et de l’expression des plus pauvres)
- Être fonction d’alerte : poil à gratter du diocèse sur des thèmes où il nous semblerait utile d’avoir une parole d’Église. (Cette option semble la plus immédiate compte tenu de nos compétences et disponibilités).
- Puis nous avons creusé sur des sujets possibles
Et nous en avons trouvé plein !
- Sujet écolo de l’eau avec l’investissement prévu de ST microélectronics à Crolles (sujet complexe où notre parole serait de bien poser les questions, celle de l’eau mais aussi celle du développement industriel, afin de concilier la finalité des produits avec un bon usage de l’eau, sans prendre parti).
- Sujet local avec le trafic de drogue. Ne pas juger la population des dealers sans savoir qui ils sont et tenir compte d’eux. Sortir du clivage pour contribuer à résoudre cette question avec toutes ses implications allant du consommateur aux jeunes mal intégrés.
- L’évolution de la société avec l’IA et une population peu éduquée pour ne pas en être victime et addict (déjà victime des arnaques sur internet). (Pas de science sans conscience ! Or l’IA n’a aucune conscience de l’impact des solutions qu’elle propose.)
- La place des technologies qui clivent la société et promeuvent un monde de consommation qui détruit et la planète et le lien social.
- La politique et la démocratie. C’est quoi une vraie démocratie participative ou locale. Comment la faire vivre ? Pourquoi y a-t-il un développement des extrêmes, gauche et surtout droite. Remettre en perspective les lois anti-juives qui étaient présentées comme des lois pour protéger les français des vagues d’immigration.
- Localement les questions du chômage, des logements sociaux, de la mixité sociale
- La compréhension de la laïcité et les liens et échanges avec les musulmans.
- Sujet actuel sur la place de l’enseignement catholique : réservé à une élite ou facteur de mixité sociale. Nous pourrions être poil à gratter en demandant au diocèse de regarder ce qui se fait, faire connaitre ce qui va bien et améliorer ce qui est à ouvrir.
- En résumé
Notre ambition est large : c’est que l’Église témoigne largement…à partir des valeurs de l’Évangile, celles de la construction du Royaume. Ce qui donne sens à la vie, et n’est-ce pas le témoignage des nouveaux baptisés : trouver un sens à leur vie. Nous sommes avant tout un groupe d’alerte ayant pour ambition de faire réfléchir en vue de la construction d’un monde meilleur, plus fraternel et solidaire incarnant l’Évangile.
Prochaine étape : mercredi 29 mai, 18-20h même lieu : Notre Dame réconciliatrice, 12 rue Joseph Chanrion.
Creuser notre façon d’intervenir en prenant un sujet
En cas de retard appeler Claude Béguin